Le maire de Soisy était convoqué ce lundi 5 octobre à 9 heures devant la 8ème chambre du tribunal judiciaire de Pontoise en tant que prévenu dans le cadre d’une procédure de plaider coupable (CRPC) où il était poursuivi pour favoritisme de trois marchés publics passés entre les années 2006 et 2015 avec respectivement les sociétés Idéepole (filiale de Bygmalion), Self made print et le cabinet d’avocats Gentilhomme. A l’issue de la matinée, Luc Strehaiano en est ressorti, pour la première fois de sa vie politique, en homme coupable et condamné. Il écope d’une amende de 20.000€ avec sursis et le versement de 5.000€ à titre de préjudice moral, au nom de la société civile et des contribuables, pour le compte de l’association ANTICOR qui s’était constituée partie civile à cette audience. Mais il n’en a pas fini avec la justice. D’autres affaires visant monsieur Strehaiano, des élus et cadres de la mairie de Soisy doivent encore être jugées. Ils doivent ainsi faire l’objet de nouvelles poursuites par l’association de défense des contribuables de Soisy à travers le dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile, le 6 novembre prochain, en vue de la nomination d’un juge d’instruction indépendant et la tenue d’un procès public pour des faits, dont une grande partie ont été traités sur notre site, tels que des soupçons de détournements de fonds publics, prises illégales d’intérêts et favoritismes dans des marchés publics.
C’est une scène peu habituelle qui se jouait au tribunal judiciaire de Pontoise ce lundi matin. Luc Strehaiano, maire de Soisy, en présence de son avocate et de son directeur de cabinet de mairie, était convoqué en tant que prévenu pour des faits de favoritisme dont il est visé depuis 2014 et qu’il avait toujours nié, avant finalement de finir par avouer la réalité des faits, il y a quelques mois seulement. Il avait affirmé il y a quelques années qu’il « n’y a pas d’affaire Bygmalion » à Soisy, et avait même osé attaquer en diffamation, sans succès, la présidente du principal groupe municipal d’opposition en 2015, Laura Bérot, et un journaliste de l’Echo le Régional, pour avoir indiqué qu’il y avait des affaires à révéler à Soisy dont une avec la société Bygmalion. La justice en a décidé autrement ce lundi 5 octobre 2020.
Près de 1,6 million d’euros de prestations attribuées sans mise en concurrence
Au total, les trois marchés publics liés aux sociétés Idéepole (filiale de Bygmalion au moment des faits), Self made print et le cabinet d’avocats Gentilhomme, ont coûté près d’1,6 million d’euros de prestations sur les périodes allant de 2006 à 2015. Il est reproché au maire de Soisy de ne pas avoir respecté les règles de mise en concurrence prévues par le code des marchés publics. Des montants importants qui ont été compilés dans les pièces du dossier de la procédure judiciaire et qui sont en décalage avec la défense du condamné Strehaiano qui parle « de dysfonctionnements survenus de manière très marginale au sein de la mairie » et qui rejette la faute sur les services de la mairie dont son ex bras droit et directeur général des services, monsieur Dominique Poey. Ces derniers apprécieront. Il parait pourtant compliqué de croire qu’un élu de sa trempe, au conseil municipal de Soisy depuis 1983, cumulant X mandats et indemnités (Président de la communauté d’agglomération de Plaine Vallée et premier vice-président du département du Val-d’Oise), ne puisse pas connaître des règles basiques de passation de marchés publics.
Tribunal judiciaire de Pontoise où était convoqué Luc Strehaiano, le 5 octobre 2020
D’autres condamnations judiciaires à venir ?
Alors que le nouveau mandat municipal ne fait que commencer pour Luc Strehaiano et son équipe, et qu’un recours contre l’élection municipale du 15 mars dernier devrait être jugé dans quelques semaines, le calendrier judiciaire risque très vite de se resserrer pour le maire de Soisy. En effet, si le procureur a renvoyé et fait condamner Luc Strehaiano par la justice pour trois marchés publics, d’importantes autres affaires restent en attente d’un vrai procès de fond et de possibles condamnations. Le 6 novembre prochain, l’association de défense des contribuables de Soisy, à l’origine du dépôt de plainte auprès du procureur de la République en juillet 2016 visant le maire de Soisy, va ainsi déposer une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire de Pontoise. Elle doit en effet attendre cette date, et fêter ses 5 ans d’existence pour être autorisée à se constituer partie civile. Concrètement, cette nouvelle procédure devrait aboutir à la saisine d’un juge d’instruction indépendant qui reprendra le dossier aujourd’hui entre les mains du procureur, et pourra ainsi poursuivre les faits de soupçons de corruption reprochés à monsieur Strehaiano et d’autres protagonistes élus et cadres de la mairie de Soisy depuis 2014. Des faits largement relayés sur notre site.
Depuis l’annonce de sa condamnation du 5 octobre, le maire de Soisy tente de minimiser sa portée. Pourtant, c’est bien la première fois de l’histoire récente de Soisy-sous-Montmorency qu’un maire, qui plus est en exercice, est condamné pour des faits de favoritisme. Une situation pour le moins inédite et peu courante dans les villes environnantes. Ce qui ne l’empêchera pas de continuer à exercer ses mandats actuels. Oui, mais jusqu’à quand ?
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Omar Bekare
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